L’Évangile comme autorévélation de la Trinité (Matt Moury)

La Trinité qui se manifeste dans l’économie du salut est la Trinité immanente, et réciproquement [1]
Karl Rahner

Si je vous demande de compléter cette proposition : « L’Évangile de … » il y a de fortes chances que vous me répondiez, à juste titre, « de Jésus-Christ ! ». L’Évangile est, sans conteste, centré sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ (1 Corinthiens 15.1-10). Toutefois, l’Évangile de Jésus-Christ ne prend tout son sens que dans le cadre de la révélation du Dieu trinitaire, révélation que le Seigneur Jésus est justement venu apporter au monde au travers de sa personne et de son œuvre. Dès lors, l’Évangile pourrait être décrit comme un acte d’autorévélation du Dieu trine. Or, comme le disait Thomas Torrance, « l’autorévélation active de Dieu et le contenu de cette autorévélation sont une seule et même chose [2]».

Dans les Saintes Écritures, Dieu est décrit comme « le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l’honneur et la puissance éternelle » (1 Timothée 6.16). Ce Dieu unique (Jacques 2.19) se révèle pourtant dans le Nouveau Testament comme le Père, le Fils et le Saint Esprit (Matthieu 28.19), trois personnes divines distinctes, mais indissociables (Marc 1. 9-11). Les chrétiens croient donc qu’il existe un seul Dieu en trois personnes égales[3], le Dieu trine (d’où le nom Trinité).

Mais alors, comment distinguer les personnes divines ? Par leurs relations précisément ! Le Père est Père parce qu’il a un Fils, le Fils est Fils parce qu’il vient du Père, l’Esprit est le lien entre les deux. Dans le langage théologique, on dit que le Père est la source de la divinité, que le Fils est engendré du Père avant tous les siècles et que l’Esprit procède du Père et du Fils. Ces relations intra-trinitaires se caractérisent par l’amour. En effet, de toute éternité, « Dieu est amour » (1 Jean 4.8). Dans son chef-d’œuvre De Trinitate (De la Trinité), Augustin décrit les relations intra-trinitaires comme suit : le Père est désigné comme l’aimant, le Fils comme l’aimé et l’Esprit comme le lien d’amour entre le Père et le Fils. Cet amour mutuel éternel démontre que Dieu n’avait pas besoin de créer quoique ce soit pour aimer. Comme l’enseignait Richard Sibbes : « Le Père, le Fils et le Saint Esprit étaient heureux en eux-mêmes, et jouissaient de leur présence mutuelle avant que le monde fut. En dehors du fait que Dieu prend plaisir à communiquer et à répandre sa bonté, il n’y a jamais eu de création ou de rédemption [4]».

Dès lors, la création devient un acte libre de la volonté divine qui découle de l’amour intra-trinitaire. L’acte libre de création est donc une œuvre ex nihilo (à partir de rien) du Dieu trine, le Père étant la cause originelle de toutes choses (1 Corinthiens 8.6), le Fils la cause créatrice de toutes choses (Jean 1.3) et l’Esprit la cause perfectionnant toutes choses (Psaume 104.3). Par amour et pour sa gloire, le Dieu relationnel a donc tout créé, l’univers visible et invisible, et tout ce qui s’y trouve, nous compris. Justement, nous autres, êtres humains, sommes les seules créatures créées en image de Dieu (Genèse 1.26). Nous étions destinés à entretenir une saine relation avec notre Créateur, mais aussi avec nos semblables et le reste de la bonne création de Dieu (Genèse 1-2). Malheureusement, la désobéissance de nos premiers parents et l’irruption du péché dans la création a compliqué ces relations et engendré un désordre dans l’harmonie primitive (Genèse 3). La mort et la souffrance ont alors fait irruption dans la bonne création de Dieu (Romains 5.12). Mais le Dieu trine n’a pas dit son dernier mot. Dès l’Ancien Testament, il va mettre en place un plan de restauration des relations en plusieurs étapes (appel d’Abraham, Exode, loi, royauté d’Israël, exil). Se révélant à Israël comme le Dieu unique (Deutéronome 6.4), l’Éternel laisse percevoir une certaine pluralité au sein de l’unicité divine dans le déroulement de son plan (Esaïe 63.10, Daniel 7.13-14).

Ce plan va prendre un tournant déterminant dans le Nouveau Testament avec la venue de Jésus sur terre, Dieu fait homme (Jean 1.1-16), révélant ainsi au monde la Trinité qui était demeurée voilée jusque-là (Romains 16.25-26). L’incarnation est un moment singulier dans l’histoire du monde puisque Dieu le Père va envoyer Dieu le Fils (Galates 4.4) par la puissance de Dieu le Saint Esprit (Marc 1.10). Rendez-vous compte, le Dieu éternel va faire irruption dans le cours de l’histoire dans le corps d’un homme (Galates 4.4) ! André-Marie Ponnou-Delaffon résume : « Dans l’incarnation, Dieu se fait homme ; il devient ce qu’il n’est pas sans rien perdre de ce qu’il est de toute éternité. Celui qui est infini et parfait entre dans la condition finie de la créature ; celui qui est immortel et éternel, la source de toute vie, assume la mortalité des fils d’Adam ; celui qui possède par lui-même et en lui-même la béatitude souveraine entre dans l’histoire qui le mènera jusqu’aux souffrances et à la déréliction de la croix. Cependant aucun des attributs propres à la divinité n’est perdu par le Verbe qui s’incarne[5] ».

Dans son ministère terrestre, le Fils vient révéler le Père au monde (1 Jean 4.9) et manifester son amour sur terre (1 Jean 1.18) dans la puissance de l’Esprit (Jean 3.34). Deux scènes manifestent singulièrement le projet d’autorévélation du Dieu trine dans l’événement de Jésus-Christ : le baptême (Matthieu 3.16-17) et la transfiguration (Matthieu 17. 1-9). Dans la première, au moment charnière de l’intronisation du Christ dans son ministère public, le Dieu trine décide de dévoiler sa majesté et sa splendeur pour un instant. Ainsi, à l’instant où Jésus « sortait de l’eau, il vit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Une voix retentit alors du ciel : Tu es mon Fils bien-aimé, tu fais toute ma joie » (Marc 1.9-11). L’évangéliste nous offre ici un magnifique instantané de la vie intra trinitaire dans ses relations d’amour, de connaissance et de glorification mutuelle. Mais que devons-nous comprendre spécifiquement sur Jésus à partir de son baptême ? Karl Barth explique que cette scène nous apprend que « cet homme était déjà bien alors et depuis longtemps, le Fils engendré, bien-aimé de Dieu, l’objet de sa bienveillance. Elle le désigne comme l’être qui est cela en fait, que ce soit en secret ou ouvertement, qu’on le sache ou non, et qui le sera et le restera tout au long du chemin qui s’ouvre devant lui ; de plus, elle montre qu’il est aussi, sera et restera ce qu’il doit être nécessairement en tant que Fils de Dieu : le porteur de l’Esprit, c’est-à-dire l’auditeur et le héraut direct de la Parole de Dieu, l’exécuteur pleinement autorisé de son mandat[6] ». La seconde scène se déroule à un autre moment clé du ministère public de Jésus : il vient non seulement d’être reconnu comme Messie par Pierre (Marc 8.29), mais aussi de tracer le douloureux chemin qui l’attend : la mort de la croix et le tombeau vide (Marc 8.31). Six jours plus tard, Jésus prend à part Pierre, Jacques et Jean sur la montagne pour leur donner un nouvel aperçu de la gloire du Dieu trine. Dans le récit de la transfiguration, Moïse et Élie conversent avec le Messie sous les yeux ébahis de ses plus proches disciples jusqu’à une interruption divine des plus marquantes … « Une nuée se forma alors et les enveloppa. Une voix en sortit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le ! » (Marc 9.7). Le Père (qui donne de la voix) et l’Esprit (représenté par la nuée) authentifient la personne et le message du Fils en l’entourant une nouvelle fois de leur amour.

Dans chaque village qu’il traverse, Jésus va annoncer la venue imminente du Royaume de Dieu (Matthieu 4.17) et la nécessité de la repentance et de l’allégeance à son nom pour y entrer (Jean 3.1-15). Les nombreux miracles et exorcismes de Jésus constituent, en somme, autant de poteaux indicateurs qui pointent vers la réalité du Royaume et la véracité de son roi. La communauté d’Israël dans son ensemble et chaque individu en particulier est alors invitée à se positionner face à la personne de Jésus, qui révèle peu à peu sa divinité (Jean 8.24). Walter Kasper affirme que « Dieu se définit en Jésus de façon eschatologique-définitive comme le Père de Jésus-Christ ; c’est pourquoi Jésus appartient à l’essence éternelle de Dieu. Jésus est en personne l’interprétation définitive de la volonté et de l’essence divine. En lui Dieu est entré de façon définitive dans l’histoire [7]». Pour pointer vers le Royaume, le Dieu fait homme accomplit des miracles, mais tisse aussi un réseau de relations parfois surprenantes, sévères avec les religieux il se lie d’amitié avec les marginaux (Luc 15.1-2). Donald Macleod explique que « le Fils de Dieu s’est incarné dans un nouveau réseau de relations : avec son père et sa mère ; avec ses frères et sœurs, avec ses disciples, avec les scribes, les pharisiens et les saducéens ; avec les soldats romains, avec les lépreux et les prostituées. C’est dans le cadre de ces relations qu’il a vécu sa vie incarnée, qu’il a connu la souffrance, la pauvreté et la tentation ; qu’il a vu la misère et la brutalité ; qu’il a entendu des obscénités, des blasphèmes et les cris désespérés des opprimés. Il n’a vécu ni dans un sublime détachement, ni dans un isolement ascétique, mais ‘avec nous’, comme ‘le semblable de tous les hommes’[8]».

Alors qu’il est sur le point d’être arrêté, Jésus prend ses disciples à part dans la chambre haute pour les enseigner, notamment sur la Trinité [9]! Dans ce magnifique discours, Jésus va décrire les relations d’amour unissant le Père, le Fils et les croyants (Jean 15.9). Il va également annoncer la venue de l’Esprit de vérité qui sera chargé de conduire les disciples après son départ (Jean 16.13). Cet Esprit qui vient du Père sera envoyé par le Fils pour vivre dans le cœur des croyants authentiques pour les aider à témoigner (Jean 15.26-27). La mission de Jésus sur terre va atteindre son paroxysme lorsqu’il mourra volontairement sur la croix (Jean 10.18). En clouant le Fils sur la croix, le monde rejette également le Père qui l’a envoyé (Jean 15.23) et résiste à l’Esprit qui habite le Fils (Matthieu 12.31). Mais cette mort vise précisément la restauration de la relation brisée entre les hommes impies et le Dieu saint (Romains 5.6-7). A la croix, le Fils se donne au Père par l’Esprit par amour pour les humains pécheurs (Hébreux 9.14, Romains 5.8), l’innocent meurt à la place des coupables (2 Corinthiens 5.21) et paye ainsi la dette du péché (Marc 10.45) ce qui permet la réconciliation entre Dieu et l’humanité rachetée (2 Corinthiens 5.19). John Stott parle à ce sujet d’auto-substitution de Dieu, il précise : « Christ n’est pas une tierce personne indépendante, mais le Fils éternel du Père, un avec lui dans son essence. Dans le drame de la croix, il n’y a donc pas trois acteurs, mais deux : nous d’un côté, Dieu de l’autre. Pas Dieu le Père, pas Dieu dans son essence, mais Dieu tout de même, Dieu fait homme en Christ, Dieu le Fils … C’est donc le juge lui-même qui dans son amour saint a assumé le rôle de l’innocente victime, car dans la personne de son Fils, et par elle, il a subi la sanction qu’il avait exigée et infligée. Grâce à l’unité mystérieuse entre le Père et le Fils, Dieu pouvait infliger le châtiment, et le subir[10]».

Trois jours plus tard, le Père envoie l’Esprit Saint ressusciter Jésus corporellement (Actes 2.32, Romains 8.11).  Cet événement extraordinaire confirme l’identité de Fils de Dieu de Jésus (Romains 1.4) et établi sa Seigneurerie à tout jamais (Actes 2.36). John Webster estime que « la résurrection de Jésus est la mise en acte temporelle de la relation éternelle du Père et du Fils (…) La vie ressuscitée de Jésus est la vie divine, et sa résurrection est l’élucidation et la confirmation de sa divinité antérieure, en vertu de laquelle il est celui qu’il est[11] ». La résurrection révèle Jésus-Christ pour ce qu’il est, le Fils éternel de Dieu venu en chair que la mort ne pouvait retenir (Actes 2.24). En outre, cet acte prodigieux, à la fois historique et eschatologique, renverse à tout jamais le cours de l’histoire comme le démontre Oscar Cullmann lorsqu’il rappelle que « nous ne pouvons pas vaincre le péché, étant pécheurs nous-mêmes, enseigne le Nouveau Testament. Un autre l’a fait pour nous, et il n’a pu le faire qu’en se rendant lui-même dans le domaine de la mort, c’est-à-dire en mourant et en expiant le péché de sorte que la mort est vaincue en tant que salaire du péché. La foi chrétienne annonce que Jésus a fait cela et qu’il est ressuscité corps et âme après avoir été complètement et réellement mort. Elle annonce que désormais la puissance de résurrection, le Saint Esprit, est à l’œuvre. Le chemin est libre ! Le péché est vaincu ; la Résurrection, la Vie triomphent de la mort, puisque la mort n’était que la conséquence du péché. Dieu a accompli ici, par anticipation, le miracle de la création nouvelle que nous attendons pour la fin. De nouveau il a créé la vie, comme au début. En ce point unique, en Jésus-Christ, ce miracle a eu lieu ! [12]»

 Lors de l’Ascension, le Père rappelle le Fils à lui, Jésus-Christ devenant à jamais le Dieu-homme assis sur le trône de Dieu (1 Pierre 3.22). Bien qu’étant souvent passé sous silence, l’événement de la session du Messie à la droite de Dieu représente bel et bien l’apogée de l’Évangile, comme le rapporte Matthew Bates : « Tout en sachant pertinemment qu’il allait à une mort certaine, Jésus a tout de même affirmé qu’il était sur le point d’être élevé à la droite de Dieu, comme le chef d’un Royaume universel et éternel, et que ses accusateurs seraient vite condamnés par Dieu. Jésus anticipait que sa mort et sa résurrection visaient en dernière analyse son intronisation comme Roi du ciel et de la terre[13] ». Notre Seigneur et Sauveur règne jusqu’à ce que ses ennemis soient définitivement vaincus, le dernier ennemi étant la mort (1 Corinthiens 15.25-26).

Le jour de la Pentecôte, le Père et le Fils envoient le Saint Esprit dans un geste d’autodévoilement du Dieu trine qui clôt la séquence inaugurée par l’incarnation et inaugure la dispensation de l’annonce de l’Évangile. Emmanuel Durand soutient que « le Fils apparaît dans la chair à Noël, à travers une série d’annonces et de témoignages. L’Esprit se manifeste par le coup de vent, les langues de feu et l’annonce dans toutes les langues à la Pentecôte. L’effusion de l’Esprit au terme de la cinquantaine pascale est en quelque sorte l’épiphanie de Pâques. Ces deux événements majeurs de l’économie divine sont des seuils de révélation du Fils et de l’Esprit en leurs modes distincts d’être et d’agir [14]». La Pentecôte est un événement à la fois patriologique, christologique et pneumatologique (donc nécessairement trinitaire), mais aussi ecclésiologique et sotériologique. L’envoi de l’Esprit par le Fils de la part du Père est la démonstration effective de l’Ascension du Christ et de son règne tout-puissant à la droite de Dieu (Actes 2.30-33). Par le don du Paraclet, le Fils donne naissance au peuple de la nouvelle alliance, l’Église, la communauté du Royaume qui manifeste son changement de vie radical par le baptême (Actes 2.38-40).

Cette nouvelle société se caractérise non seulement par une allégeance radicale au Seigneur Jésus (Actes 16.31), mais aussi par de nouvelles relations avec Dieu et les uns avec les autres, puisque les chrétiens sont les enfants adoptifs du Père (1 Jean 3.1), frères et sœurs en Christ (Romains 8.17) et habitation de l’Esprit (1 Corinthiens 6.19). Gerald Bray écrit qu’« alors qu’un jour Dieu a habité parmi nous sans habiter en nous, il vient désormais dans nos cœurs par l’Esprit Saint, nous adoptant comme ses enfants et nous permettant de prier les mots du Fils : ‘Abba, Père !’ Connaitre le Père revient à être uni au Fils et à l’Esprit. Quand on a découvert la fission de l’atome, le monde a découvert une puissance énergétique incomparée jusqu’alors. De la même manière, lorsque nous entrons dans la vie intérieure de Dieu, nous le voyons d’une manière que nous n’aurions pas pu imaginer auparavant [15]».  Le Dieu que les cieux des cieux ne peuvent contenir vient habiter dans l’intimité d’hommes et femmes finis pour les rénover de l’intérieur, quelle grâce !

L’Église se trouve invitée, en quelques sortes, dans la communauté relationnelle qu’est Dieu, puisqu’unie au Christ par la foi (Colossiens 3.3) elle reçoit l’amour divin dans son cœur par l’Esprit (Romains 5.5) dans la dépendance au Père (Matthieu 6.9-13). Cette communauté anticipe la réconciliation de toutes choses en intégrant des hommes et des femmes issus de la diversité ethnique et sociale dans une grande famille qui conjugue unité et diversité à l’image du Dieu trine (Galates 3.28). L’enseignement apostolique, l’amour, la générosité, le pardon et la correction mutuelle doivent irriguer l’Église, qui reflète le Dieu unique en trois personnes comme peuple de Dieu le Père (1 Pierre 2.9), corps de Christ (Romains 12.5) et habitation de l’Esprit (1 Corinthiens 6.19). Ainsi, l’Église peut être désignée comme la communauté eschatologique et prophétique du Dieu trine.

Après s’être envoyé lui-même lors de l’incarnation et de la Pentecôte, le Dieu trine nous envoie à notre tour pour être témoins de la Seigneurerie du Christ (Jean 20.21). Notre mission, en tant qu’Eglise de Jésus-Christ, découle de celle de Dieu lui-même même si elle s’en distingue (1 Corinthiens 3.9). Nous sommes envoyés dans le monde pour annoncer l’Évangile de Jésus-Christ, baptiser au nom de la Trinité et faire des disciples obéissant à la loi du Christ en attendant le retour en gloire de notre Messie (Matthieu 28.18-20). L’Église se doit aussi de démontrer l’amour et la compassion divine en posant des signes du Royaume qui vient (Jacques 1.27, Actes 20.35). Le rôle de l’Église consiste donc à annoncer, à démontrer et à vivre de l’Évangile trinitaire en attendant le retour du Messie. Dans une société fracturée par tant de divisions nous avons le privilège de pouvoir humblement démontrer que l’Éternel est vivant, afin que le monde croie pour la plus grande gloire du Dieu trine (Jean 13.35) !

Matt Moury


[1] Karl Rahner, Dieu Trinité, Fondement transcendant de l’histoire du salut, p.29.

[2] Thomas Torrance, The Christian Doctrine of God, p.32.

[3]    En théologie trinitaire, la personne est une catégorie ontologique et métaphysique qui signifie l’être en soi. La personne se distingue de la nature. La nature (ou essence) est ce qui porte la personne, la nature n’implique pas l’acte d’existence, car l’essence n’est pas égale à l’existence. La nature est concrétisée par la personne, elle ajoute l’acte d’exister à l’essence ce qui lui donne sa singularité. Ce qui distingue deux êtres réside donc dans leur personne, l’individu étant ce qui est non divisé en soi-même et distinct des autres. Les personnes humaines et les personnes divines sont comparables, mais seulement jusqu’à un certain point. En effet, l’unité de la nature humaine est générique et spécifique tandis que l’unité de la nature divine est générique, spécifique, mais aussi numérique (un seul Dieu en trois personnes). Dans le cas du Dieu trinitaire, affirmer qu’il existe trois personnes divines ne revient pas à prétendre qu’il existerait trois dieux. La nature (l’essence) divine n’existe qu’une seule fois. Les trois personnes ne doivent donc pas être conçues comme séparées, mais unies en une seule essence. La foi chrétienne enseigne donc qu’il existe un seul Dieu en trois personnes.

[4] Cité en Fred Sanders, The Deep things of God,

[5] « Incarnation et Trinité » in Nouvelle Revue Théologique 2005/3, tome 127.

[6] Karl Barth, Dogmatique, III/2, p.167.

[7] Walter Kasper, Le Dieu des chrétiens, p.254.

[8] Donald MacLeod, La personne du Christ, p.219-220.

[9] C’est peut-être là le meilleur argument contre ceux qui croient que la Trinité n’est qu’une doctrine poussiéreuse et abstraite. Comme l’écrit Robert Letham, « Sinclair Ferguson m’a fait remarquer dans un email que dans la chambre haute, alors que les disciples étaient sur le point de sombrer dans le chagrin et la détresse, Jésus ne leur a pas enseigné sur les techniques de gestion du stress, mais sur la Trinité », cité en The Essential Trinity (sous dir. Brandon Crowe et Carl Trueman).

[10] John Stott, La croix de Jésus-Christ, p.152

[11] John Webster, The Domain of the Word : Scripture and Theological Reason, p.33.

[12] Oscar Cullmann, Immortalité de l’âme ou résurrection des corps ?, p.50-51.

[13] Matthew Bates, Salvation by allegeance alone, p. 72.

[14] Emmanuel Durand, Dieu Trinité, p.34.

[15] Gerald Bray, God is love, p.180.

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